Le soleil se lève doucement. Mes yeux se plissent, essayant de limiter l’entrée de la lumière dans mon iris. Ma main gauche se place devant mon visage, tandis que je roule sur le côté pour me protéger. Je grommelle quelques paroles incompréhensibles, me maudissant moi même de n’avoir pas pensé à fermer les stores avant de me coucher. Neuf heures, c’est beaucoup trop tôt pour un samedi matin. Je m’assied finalement dans mon lit, puis m’étire de tout mon long en plaçant mes mains au dessus de ma tête. C’est à ce moment que ma sœur entre dans ma chambre, en sautillant gaiement. "Joyeux anniversaire !" Joyeux… Quoi ? Mon cerveau patauge dans la semoule, j’ai du mal à me souvenir de la date. On est quand même pas déjà… "Me dis pas que tu as oublié que tu fêtes tes quatorze ans aujourd’hui ?!" Je me frotte le crane, essayant de chasser ce début de migraine. Ma longue tignasse brune tombe devant mes yeux, et j’agite la main devant mon visage pour chasser les mèches rebelles qui obstruent mon champ de vision. "Non, bien sur que non. C’est juste que j’ai du mal à me réveiller." Le temps passe à une vitesse incroyable. "C’est ça. Maman et papa t’attendent en bas pour le petit déjeuner. Dépêche toi de te préparer." Sur ce, elle sort aussi vite qu’elle est rentrée, me laissant seule, et, je dois l’admettre, passablement embrouillée. Après avoir pris une douche rapide et m’être habillée de façon banale, j’étais descendue souhaiter bonjour à mes parents, dans la salle à manger. "Ma chérie, tu aurais pu faire un effort, mettre une jupe au moins. Ce n’est pas tous les jours qu’on fête son quatorzième anniversaire." Ma mère avait horreur des pantalons. Pour elle, une vraie femme se devait d’être toujours féminine, et donc en jupe ou en robe. Je connais plus d’une féministe qui se serait étranglée en entendant ces paroles. Mais ma génitrice ne semblait pas s’en rendre compte et buvait son thé matinal avec une expression satisfaite sur le visage. Mon père, quant à lui, était fourré dans son journal, comme tous les matins. Il me fit une rapide bise agrémentée d'un bon anniversaire ma puce, avant de retourner à ses mots croisés. Je leur adresse un sourire aimable, tout en prenant place autour de la table en chêne massif qui trône au centre de la salle à manger, avant de sortir mon téléphone afin de consulter mes messages. Plusieurs messages d'anniversaire. Classique. Je ne prends même pas la peine d'y répondre. Mais un d'entre eux retient mon attention. joyeux anniversaire s. plage du pdg à vingt deux heures. Numéro inconnu. Qui ça pouvait bien être ? La plage du pin de galle était surement un de mes endroits préférés sur terre, et peu de personnes le savait. Par curiosité, j'annonçais à mes parents que je sortais le soir même, afin de passer une soirée tranquille en compagnie de quelques amies.

L'alcool coule dans mes veines. Le cannabis embrume mon cerveau. Je me laisse dériver entre les gens, un sourire béat sur les lèvres. Jamais je ne me suis sentie aussi bien. Aussi libre ! Un éclat de rire me prend, je n'en connais même pas la raison. Mon regard croise le sien. Il me regarde. je détourne les yeux, gênée. Je me rapproche de mon cercle d'amis. "Tu sais qui c'est ?" Je pointe discrètement l'inconnu du doigt. Il n'a pas cessé de me fixer. "Lui ? Je crois que c'est un lycéen." Elle insiste bien sur ce dernier mot, tout en me faisant un clin d’œil. Le fantasme préféré de toute les collégiennes est de sortir avec un lycéen, c'est bien connu. Le rouge me monte aux joues. "Et on dirait bien qu'il te matte. Qu'est-ce que t'attends ? Va lui parler !" Et sur ces mots, elle me pousse dans sa direction, si bien que je n'ai pas d'autre choix que d'engager la conversation. "Salut, je suis..." Il ne me laisse même pas le temps de finir ma phrase. "La fille la plus mignonne de la soirée." Encore le rouge qui me monte aux joues. Pourquoi faut-il que je sois plus impressionnable ?! "Si tu le dis..." Je me racle la gorge, cherchant quelque chose à dire. "Et... Qu'est-ce que tu fais la ?" Il me regarde tout en levant un sourcil, amusé. "Eh bien, je m'amuse, comme tout le monde." Un rire nerveux s'échappe de ma gorge. Quelle conne. "Ça te dirais de t'éloigner un peu avec moi ?" une nuit ensemble. un matin seule. première déception.

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"Je ne comprend pas pourquoi tu vas toujours au devant des emmerdes.Tu pourrais pas te trouver un entourage stable, Des amis sains,un petit ami sympa... C'est ce que les gens normaux font." Je restais là, allongée sur son lit, à le fixer. Les gens comment? Allons, il savait autant que moi que je n'avais rien de normal. "J'y peux rien, c'est ma façon de fonctionner. Et puis de quoi je me mêle ?" Je ris en lui envoyant un coussin à la figure. Il me sourit brièvement, attrapa le coussin au vol et redevint sérieux. "Écoutes, je me fais du soucis. De plus en plus. J'ai pas envie de te voir replonger." Mon sourire disparut de mon visage, qui se transforma pour arborer une expression anxieuse. "Ça va." Je plantais mon regard dans le sien, pour le rassurer, lui montrer que tout allait bien. Mais il n'était pas dupe. Il me connaissait. C'était même la première personne que j'avais rencontrée lorsque j'étais arrivée à Santa Cruz. Le seul qui n'avait pas eu peur de mes attitudes froides et de mon humour cynique. C'était mon meilleur ami, en quelques sortes. Mais en même temps bien plus que ça. Je l'attirais contre moi, et mes lèvres se posèrent délicatement sur les siennes. Tourbillon de sensations, plaisirs, délices,je me laissais aller dans ses bras.

"Je ne veux plus de tout ça. Elle me plait vraiment, sage. Et je veux pas tout gâcher pour une simple histoire de cul." Crac. C'est ça que ça fait, une fissure du cœur ? Je ravale mes larmes, reste forte. "Et je suis fatigué de jouer à ce jeu. Tu sais très bien ce que je pense, on en a parlé des milliers de fois." Oui, effectivement, on en a parlé. Et la, tout de suite, je rêverais de revenir sur mes paroles et de lui sauter dans les bras.Mais je ne veux pas. Je ne peux pas le briser comme j'ai brisé tous les autres. Parce que, lui, il compte vraiment. "Eh bien soit. retourne avec elle. Mais tu craqueras. Tu craques toujours." Depuis deux ans qu'on se connait, c'est un jeu pour nous. Il essaye de tenir le plus longtemps possible, et je le fais craquer au final. Le pire, c'est qu'il y croit vraiment. A chaque fois. Et au final, il rompt. Parce qu'il est incapable de mentir, et il ne supporte pas la culpabilité. Un mec bien. Un mec comme il me faudrait...Non. Je n'ai pas le droit. Il mérite mieux. Tellement mieux. Peut-être cette fille. Mais ce n'est pas ça qui va empêcher mes vieilles pulsions de revenir à l'attaque. Comme à chaque fois.Une mécanique bien rodée.