{ everything begins }
Ce matin, je me réveille. Mal de crâne terrible. Je pousse un gémissement, signe de mon mécontentement. Ca vient d’où cette douleur ? Je me tourne dans le lit, cherchant à tâtons mon téléphone. Je finis par le trouver sur le sol à défaut de le trouver sous le drap. J’appuie sur le bouton pour allumer l’écran. Pouaaah ! Je crois devenir aveugle à cause de la luminosité de l’écran. Je m’aperçois alors que nous sommes en réalité l’après-midi. Et que nous sommes lundi. Je devrais être au boulot depuis quatre heures. Je désactionne le mode Avion pour voir si on m’a appelée ou si on m’a envoyée des textos. Bingo ! 10 appels manqués de ma boss. Autant dire que j’vais m’en prendre plein la tronche à mon arrivée au boulot. L’idée de me faire porter absente toute la journée me traverse l’esprit. Peut-être que je morflerais moins si je dis que je suis malade… Après quelques minutes de réflexion, je choisis de faire ça. Je textote ma boss pour lui dire que j’ai fait une indigestion. Elle me répond que j’ai intérêt de ramener mes fesses demain. Mais oui, j’viendrais même en avance pour rattraper mon retard. C’est pas la première fois après tout et je m’en sors toujours. Je me fais glisser pour sortir du lit. Un moment, je crois que mes jambes vont se dérober et que je vais m’étaler sur le sol mais non. Je tiens bon et je me traîne jusqu’à la salle de bain. Là, je me regarde dans le miroir. J’ai des cernes immondes sous les yeux. Quand je me regarde, j’me dis que j’ai vraiment une gueule de droguée et que c’est pas beau à voir. Assise sur le bord de la baignoire, je repense à ses paroles. [...]

FLASHBACK. Bordel, Kitty. Mais qu’est-ce que tu fous ? Tu cherches quoi ? Tu veux te foutre en l’air ? Tu n’en as rien à faire des gens qui tiennent à toi, Kitty ? J’avais poussé un long soupir. Il me fatiguait à me réprimander sans cesse. Tu dis ça comme si beaucoup de gens tenaient à moi. Même mes parents n’en ont rien à faire de moi. J’peux crever demain, ils ne viendront même pas à l’enterrement, ces enfoirés. Il me saisit par les épaules, plongea son regard magnifique dans le mien et là, j’étais comme hypnotisée. Kitty, tu vas comprendre quand que j’en ai rien à faire que les autres t’aiment ou pas. Je sais juste que moi, j’tiendrais pas sans toi. J’tiendrais pas si tu pars parce que je me dirais que j’ai pas suffisamment insisté. Parce que j’suis sûre que tu peux te sauver la vie. Que j’peux même t’y aider. Mais ça, ce ne sera possible que si tu vas en désintox. Je me débattis. La désintox, c’était hors de question. Il n’était pas possible que je reste enfermée avec des toxicos. Comment des toxicos entre eux peuvent s’en sortir ? Kitty, penses-y. Ne le fais pas pour moi. Fais-le pour toi. Sauf qu’au fond de moi, je savais que si je devais le faire un jour, ce serait davantage pour lui que pour moi. Moi aussi, j’avais besoin de lui mais je me voyais davantage comme un boulet que comme une possible petite-amie pour lui.


[…] Ce soir-là, je suis ressortie. Ce soir-là, j’avais encore amené de quoi me défoncer. Ce soir-là, j’ai fait une overdose et il a fallu appeler les pompiers pour m’emmener à l’hôpital. Quand j’ai ouvert les yeux, je fûs à nouveau éblouie par la lumière. Je clignais à plusieurs reprises des yeux pour me familiariser à la luminosité. Je mis à bouger légèrement les doigts et je sentis une main dans la mienne. Sa main. Je poussais un long soupir. J’étais complètement à l’ouest. Que s’était-il passé ? Où je suis ? Oh Kitty, Dieu merci. Tu t’es réveillée. Il se leva pour déposer un doux baiser sur mon front, comme pour me faire comprendre qu’il serait toujours là pour moi. Il se rasseya finalement. Tu as fait une overdose… J’ai cru que c’était la fin… Il baissa la tête comme pour masquer sa peine. Je me relevais légèrement sur le lit. Je pris sa main et y déposais un baiser comme pour le rassurer. Je suis là, d’accord. Je suis bien là, il ne m’est rien arrivé. Non mais Kitty, évidemment qu’il t’est arrivé quelque chose. Tu as fait une overdose. Tu aurais pu mourir, bordel. Je savais qu’il avait raison, même si j’aurais préféré qu’il ait tort. Je vais y aller… Je vais aller faire une cure de désintox. Pour toi… Il plongea son regard dans le mien. Il avait l’air rassuré et esquissa un soupçon de sourire. D’accord… Je t’accompagnerai. Il avait peur. Peur que je me défile alors il souhaitait m’accompagner. Je le comprenais. C’était pas la première fois.

Depuis, un an est passé. Fini les drogues. Fini les beuveries. Je suis sortie de désintox et j’ai pu garder mon poste. Je me sens plus épanouie que jamais. Il est toujours là, lui. Je l’aime mais je n’ose pas lui dire. J’ai peur qu’il ne m’aime pas comme ça. Que je sois simplement sa petite sœur.